D’un monologue haletant de l’auteur Wajdi Mouawad, le comédien Guillaume Séverac-Schmitz (metteur en scène du magnifique Richard II la saison dernière) fait un spectacle uppercut. Sans temps mort, marqué au fer rouge par l’urgence de dire et les débords de l’émotion. Un jeune homme (presqu’un adolescent) rode dans les rues. À l’hôpital, sa mère se débat pour survivre. Cette mère, qu’il aime tout autant qu’il la hait, a été la victime d’un attentat aveugle. Dans la nuit noire de ce pays en guerre, le jeune homme hurle sa rage et sa peur. Au petit matin, pour avoir affronté à mains nues ses démons intérieurs, il sera devenu un homme. Avec Wajdi Mouawad, le spectateur ne connaît pas la paix des braves. Dans son théâtre se bousculent les liens familiaux ancestraux, la quête de soi, les traumatismes et les conflits, l’amour enfin, qui parfois répare les blessures. Pour dire ce monologue et le dire avec force, il fallait un acteur que porte la nécessité. Guillaume Séverac-Schmitz se jette dans les mots comme si sa vie en dépendait.