Le temps passé avec Victor Hugo n’est jamais vain. Écrivain majeur, humaniste sincère, citoyen généreux et redoutable tribun, l’auteur des Misérables a beau avoir vécu au xixe siècle, chacun de ses mots tonne avec éclat. Ruy Blas, pièce de théâtre déclinée en alexandrins, déploie le parcours fulgurant d’un valet que son amour pour sa reine va métamorphoser en Premier ministre. Ascension suivie d’une chute que Hugo scrute avec lucidité en soulevant d’essentielles questions : peut-on intégrer la sphère des puissants lorsqu’on est né au bas de l’échelle ? Que pèsent, pour le pauvre devenu soudain riche, le mérite, l’intelligence et le travail ? Yves Beaunesne s’empare avec ardeur de ce drame social et politique. Il fait appel, pour le jouer, à de grands comédiens tels Thierry Bosc ou Guy Pion et à de jeunes acteurs passionnés. Comment se lasser de cette réplique culte : « Ô ministres intègres ! Conseillers vertueux ! Voilà votre façon de servir, serviteurs qui pillez la maison ! »