La compagnie Rêvolution, que dirige Anthony Égéa, gravite autour de l’esthétique hip hop avec un goût prononcé pour le métissage. C’est entre partition classique et interprétation hip hop qu’il a ancré sa dernière pièce. Autrement dit entre l’envol des corps tendus vers les hauteurs que suggèrent les mélodies venues du répertoire et le rapport quasi terrien qu’ont les danseuses avec le sol où elles sont accrochées lorsqu’elles s’adonnent au break dance. L’aérien et la gravité sont ainsi convoqués pour un spectacle totalement féminin. Deux pianistes ou quatre mains : le duo Jatekok déroule un programme musical de Bizet à Ravel et Debussy, soutenu par quelques décalages électroniques. Deux danseuses sont en scène. Ce sont les Muses. Elles sont à la fois rugueuses et légères, puissantes et sensibles, sensuelles. Qu’elles s’enlacent ou s’affrontent, elles fondent en un seul et même organisme vivant la grâce du classique et la force brute du hip hop. L’ensemble forme un concert chorégraphique où la danse s’immisce à travers l’architecture des pianos, à leur contact, dans leur prolongement…