Ô rage, ô désespoir, ô vieillesse ennemie : les plus beaux des alexandrins viennent de chez Corneille et plus précisément du Cid, pièce baroque que met en scène Yves Beaunesne. Ne serait-ce que pour le faste de cette écriture, son impérieuse énergie, ses fulgurances, il faut (re)découvrir toutes oreilles tendues cette langue. On y goûtera alors le génie luxuriant d’un auteur qui suscita en son temps, le XVIIe siècle, une querelle littéraire retentissante. Corneille en écrivant sa pièce avait visé juste en mettant face à face honneur et amour et en portant au-devant des moralistes un dilemme insoluble. Chimène devait-elle pardonner à l’intrépide mais fier Rodrigue d’avoir assassiné son père ? Jusqu’à la fin du drame, on ne sait pas si la jeune femme cèdera à la raison ou s’abandonnera aux feux de la passion. Ce mouvement des âmes, cette impétuosité des cœurs, le spectacle, physique, sensoriel, intense, entend les faire palpiter à chaque seconde.

Création à la Scène nationale