Le metteur en scène Fabien Gorgeart a eu la belle idée de choisir l’immense Catherine Hiegel pour incarner ce récit de Delphine de Vigan sur la perte du langage, les dettes morales et les liens invisibles. 


Que doit-t-on réparer avant de disparaître ? A qui doit-on dire merci avant de mourir ? Et surtout, comment exprimer sa reconnaissance quand on n’a plus « les mots pour le dire » ? Dans Les Gratitudes, l’écrivaine Delphine de Vigan donne vie à Michka, une vieille dame autrefois parolière, qui perd aujourd’hui ses mots. A ses côtés, une jeune femme dont elle est très proche et un orthophoniste sont des veilleurs attentifs qui vont l’accompagner au quotidien pour cette traversée cruelle qu’est l’aphasie.
Fabien Gorgeart (metteur en scène de Stallone, accueilli il y a deux saisons) a vu dans ce roman sur la parole qui se dérobe et la perte du rapport à l’autre qui en découle, un formidable terreau dramatique d’où il fait surgir çà et là des tirades drôlatiques ou des pauses musicales. Confiant le rôle de Michka à Catherine Hiegel, comédienne majeure au théâtre comme au cinéma, il nous égare peu à peu dans son brouillard en nous confrontant à un sentiment progressif d’irréalité.