Quand le féroce Molière épingle la vanité intellectuelle. En créant Les Femmes savantes, Benoît Lambert propose un voyage à l’écoute une langue savoureuse, d’une intelligence et d’une drôlerie redoutables, un voyage au terme duquel on aura entrevu l’intensité d’une guerre familiale sans merci.  

 « Il y a souvent dans les comédies de Molière un mal qui court, un poison : la misanthropie, l’avarice, la dévotion. Dans Les Femmes savantes, ce poison est au fond la famille elle-même, qui se transforme ici en véritable champ de bataille », affirme le metteur en scène Benoît Lambert. Soit, voici donc deux clans divisés autour du projet de marier la sage Henriette : d’un côté, ceux qui brandissent leur érudition en bandoulière ; de l’autre, les tenants du « bon sens », qui préfèrent « la bonne soupe » au « beau langage ».  Tous et toutes vont se mener une guerre de salon, à coup d’alexandrins assassins…
Après L’Avare, accueilli il y a deux saisons, Benoît Lambert revient à Angoulême avec cette autre pièce de Molière que l’on a parfois soupçonnée de critiquer l’instruction des femmes, alors qu’elle épingle la prétention et la fausse érudition. Fidèle à sa manière d’aborder le répertoire, le metteur en scène ne cherche pas à moderniser la pièce, mais privilégie la sobriété et la justesse, s’appuyant sur une scénographie limpide et une troupe d’excellents comédiens et comédiennes. Leur ambition première ? Faire entendre Molière au plus juste, dans toute sa subtilité, sa virtuosité et son acuité définitivement intemporelles.