Avec Marivaux, ce qu’on croit tenir pour acquis se révèle souvent faux. Rares sont les auteurs de théâtre qui ont à ce point usé de subterfuges pour égarer les spectateurs et dérouler leurs fables. La pièce a pour héros un personnage travesti, le prince de León. Pour explorer le monde et, au passage, y rencontrer celle qui pourrait devenir son épouse, il endosse le costume d’un aventurier, Lélio. Un déguisement commode pour découvrir au plus près la nature humaine. Et ce qu’il voit n’est pas toujours du meilleur goût. L’amour, l’argent et la politique ne font pas ici bande à part. Yves Beaunesne, fin lecteur des classiques, met en scène cette pièce qui occupe une place à part dans le théâtre de Marivaux en ce qu’elle dévoile d’un monde en mutation avec ses heurts et ses angoisses, sans occulter l’humour. Sept comédiens vont d’une situation à une autre au fil d’un ballet où s’enchaînent les rebondissements du cœur et de l’esprit.