Quatre cents ans après sa naissance, Molière est célébré de toutes parts ! Y compris sur la scène d’Angoulême dans un Avare remarquablement juste, porté par des comédiens très convaincants.

Directeur de la Comédie de Saint-Étienne, Benoît Lambert entretient depuis longtemps un compagnonnage avec l’auteur des Fourberies de Scapin, qui avait été l’un de ses tout premiers spectacles. Cette fois, c’est le rôle d’Harpagon qu’il a souhaité confier à son comédien fétiche, Emmanuel Vérité, avec lequel il chemine depuis presque trente ans. Sa lecture de L’Avare est drôle, tranchante et d’une grande finesse. Ici, au milieu des caisses dans lesquelles Harpagon enferme des trésors dont il ne jouit même pas, de jeunes comédiens étincellent. « La raison pour laquelle on continue à jouer Molière, c’est que c’est un théâtre qui a été écrit par un acteur et pour une troupe, confie Benoît Lambert. On le sent fortement quand on répète : c’est un théâtre qui appelle le jeu, profondément vivant. »
Avec son plateau embrumé, ses candélabres et ses potences en bois dont on ne sait si elles appartiennent à une maison en ruine ou en construction, pas besoin de clins d’oeil appuyés pour nous dire combien Molière est moderne. Même en habits « d’époque », son portrait d’un monde obsédé par l’argent et dominé par des vieillards égocentriques résonne incroyablement avec aujourd’hui.