La nouvelle création d’Angelin Preljocaj s’inspire d’un conte chinois : deux voyageurs croisent la route d’un vieil ermite qui les guide vers une fresque cachée où de jeunes femmes semblent, imperceptiblement, danser. L’un d’entre eux, fasciné par la mélancolie de la plus jeune, va s’évader vers son univers au temps arrêté et en faire son épouse… Tel le voyageur, le chorégraphe nous fait entrer là où les temps se superposent et se défont, où l’immobilité prend vie tandis que le réel, comme suspendu, laisse affleurer les élans, le désir, le vertige, l’insolite. La chorégraphie est portée par de remarquables interprètes dont les corps se déploient tels des origamis, sur une musique envoûtante de Nicolas Godin – membre du duo Air –, avec pour environnement de somptueuses lumières et de mystérieuses volutes tels d’élégants coups de pinceau. Angelin Preljocaj signe une œuvre dont la rigueur et la richesse emportent  l’esprit autant que le cœur.