La rage et le besoin de dire font souffler un vent furieux et salutaire dans le Monologue qui se trouve au centre du recueil de nouvelles de Simone de Beauvoir, La Femme rompue. La rage et le besoin de dire animent Hélène Fillières, metteur en scène de cette partition colérique où une femme vient proclamer à la face du monde sa culpabilité, sa solitude affective et son inaptitude au bonheur. Josiane Balasko est cette femme rompue. Une comédienne sans artifice, sans tricherie, une actrice à l’état brut pour un moment de théâtre sans compromis, où un personnage se présente seul face aux regards, confesse ses fautes, affirme sa différence. La dignité est au prix de cette confession qui explore les limites du raisonnable et refuse un langage qui arase la vérité. L’urgence de briser le silence où trop souvent les femmes sont recluses a poussé Hélène Fillières à adapter pour la scène les mots de Simone de Beauvoir. Un spectacle féministe, oui, et sans concession.