Quand il apparaît sur scène, c’est un choc esthétique. En saluant l’héritage de son maître, Raimund Hogue, Emmanuel Eggermont, danseur et chorégraphe, signe un solo sublime, où l’émotion, la fantaisie, la beauté surgissent à chaque instant.

Emmanuel Eggermont est un artiste singulier, à la présence magnétique, à la silhouette aiguë comme un croquis. Son goût pour l’architecture et les arts plastiques infuse sa danse : chez lui, une couverture de survie dorée, une ceinture rouge vif et une paire d’escarpins noirs font costume et décor. Ses gestes, alliant l’élégance à la puissance, sont d’une précision extrême… mais de sa silhouette tendue presque étirée, de sa danse quasi graphique, il tire une subtile émotion, qui nous marque à jamais.
Avec About Love and Death, l’artiste a eu envie de raviver l’héritage de son maître et ami Raimund Hoghe, chorégraphe et compagnon de longue date de Pina Bausch, avec lequel il a collaboré durant quinze ans. Entremêlant des fragments de pièces de son mentor et des bribes de son propre imaginaire, il nous offre une suite de tableaux contrastés.  Convoquant tour à tour Mahler, Judy Garland, Johnny Guitar ou Gene Kelly, il navigue entre humour et mélancolie, évoquant en creux l’amour, la fuite du temps, la perte de l’être aimé. Pourtant, loin de nous lester de tristesse, c’est avant tout la vibration de la vie qu’il perpétue à travers sa danse. Magnifique.